Journée Culture Santé : le point de vue de l’artiste

LE 27 NOVEMBRE 2014 A EU LIEU UNE JOURNÉE DE SENSIBILISATION, D’INFORMATION ET D’ÉCHANGES AUTOUR DES PROJETS ARTISTIQUES ET CULTURELS DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ. ORGANISÉE PAR LA FHF ET CULTURE & HÔPITAL, CETTE JOURNÉE ÉTAIT PROPOSÉE PAR LES MEMBRES DU JURY DU TROPHÉE CULTURE & HÔPITAL / FHF.
A CE TITRE, ELISABETH DE LA GENARDIÈRE EST INTERVENUE POUR PRÉSENTER LA PLACE DE L’ARTISTE EN MILIEU DE SANTÉ.

Des artistes professionnels à l’hôpital

 

Le milieu artistique professionnel français, et notamment musical, est vaste et très riche en compétences et diversité.
Intermittents, membres des orchestres, chœurs et ensembles, professeurs, solistes, certains exercent plusieurs de ces fonctions.
Dans le cadre de leur engagement à l’hôpital, tous les artistes sont rémunérés aux mêmes tarifs. Le cachet syndical de base démarre à 110 € brut environ et coûte environ 180 € TTC à l’employeur.
Ce salariat est indispensable pour des professionnels exerçant leur métier et il vient aussi reconnaître la qualité et le sérieux d’un engagement professionnel dans un lieu hautement qualifié : l’hôpital.

Les qualités nécessaires

La maturité artistique accompagne le désir de transmettre, et la capacité à communiquer et à s’adapter à des situations très diverses, parfois humainement difficiles.
Venant du monde de l’art et de la création, les artistes apportent au sein de l’hôpital fraîcheur,  créativité, vie et plaisir aux patients.
Ils occupent une place particulière à l’hôpital : ce ne sont ni des soignants, ni des visiteurs.

Les motivations

Les artistes souhaitent rencontrer leur public de façon différente, dans une proximité favorable à l’échange. Ils peuvent mesurer les « effets » de leur art et réfléchir à leur rôle social d’artistes. Ils peuvent à travers cette expérience donner du sens à leur engagement artistique dans la rencontre avec l’autre.

Les artistes peuvent aborder l’hôpital de diverses façons

Ils viennent à nous de façon individuelle ou par petits groupes, au moment qui les intéresse et qui leur convient. Il s’agit d’une démarche personnelle, parallèle à leur carrière et toujours discrète. Ils sont prêts à un engagement de longue durée. Il faut une structure pour les accueillir, les accompagner, les salarier. C’est le rôle de Tournesol ou d’associations « culture et santé ».
Ils peuvent aussi venir dans le cadre d’une collaboration avec des structures culturelles ou à la demande de leur employeur habituel. Dans ces cas, il est parfois plus difficile aux artistes de comprendre et de s’adapter aux contraintes du monde hospitalier. Leur engagement est différent car plus ponctuel, alors que pour s’adapter à l’hôpital il faut du temps et de la disponibilité, c’est un long parcours.

Les actions menées

Les artistes se montrent très créatifs au niveau des répertoires et des formations artistiques proposées (création de projets en duo adaptés aux petits espaces). Cela est nécessaire pour s’adapter aux contraintes techniques des hôpitaux et à l’état des patients. En effet ce sont de plus en plus souvent les actions « au chevet » qui répondent aux besoins des patients, très fatigués et dépendants, notamment en grande gériatrie, en cancérologie, en soins palliatifs.

Les artistes nous proposent des idées nouvelles : les concerts de nuit, proposés et expérimentés à l’hôpital Saint-Louis AP-HP ; le « chant des souvenirs », recueil de chansons et reconstitution de répertoires perdus auprès des personnes en gériatrie ; le « souffle musical et dansé », une improvisation dansée et musicale au chevet avec la danseuse Olivia Cubero et des musiciens.
Ce sont donc les artistes qui apportent les idées de créations, de répertoire, d’ateliers : c’est leur métier qu’ils exercent ainsi pleinement, dans une grande liberté artistique.

La médiation

Elle est indispensable pour préparer les artistes aux différents publics qu’ils vont rencontrer.

En amont, elle permet de réfléchir aux formes d’intervention (dans quels services, en salle ou dans les chambres, des ateliers ou des projets ponctuels répétés) et aux contenus (répertoire ou création) les plus adaptés.
Elle permet d’aborder les formes de communication (comment aborder un patient, de quoi faut-il éviter de parler, comment se présenter, comment quitter un patient) et les règles éthiques telles que le respect de la confidentialité et la liberté de choix du patient.
Elle est nécessaire pour permettre l’intégration de l’artiste dans le service (trouver le bon moment, en concertation avec les soignants).

Sur place, elle permet de créer les conditions d’un partage artistique pour l’artiste :

  • se concentrer sur la relation avec le patient ou le groupe de patient
  • reconstituer l’espace scénique dans la salle et même dans la chambre : comment se placer vis-à-vis du patient ou du groupe, espace nécessaire à libérer, éteindre la télé, fermer la porte ou la laisser ouverte, installer le groupe d’auditeurs de façon à ce que tous voient et entendent
  • créer des conditions de silence et d’écoute, dans une rupture avec le rythme quotidien,  pour permettre au patient de se détendre et de se concentrer (pas de goûter, pas de bavardages)
  • favoriser l’échange et le partage et donc prévoir du temps pour cela, prendre le temps qu’il faut avec chacun

et pour le personnel des services :

  • informer clairement et en détail les patients et les familles, leur demander leur avis, leur donner le temps de choisir
  • orienter l’artiste vers les patients (liste de patients, présenter les patients, transmettre les choses importantes à savoir : handicap particulier, état du patient)

Pour mener à bien cette médiation, un membre de l’association est présent lors des actions :

  • pour présenter l’artiste au patient et demander au patient s’il veut toujours le recevoir
  • pour aider à gérer les complexités des situations rencontrées (compréhension des patients qui ne parlent pas, interprétation de situations difficiles, moments d’expression d’émotion)
  • pour trouver le temps juste de chaque intervention, en fonction de l’état de disponibilité du patient ou du groupe
  • pour débriefer sur ce qui s’est passé durant les interventions, répondre à leurs questions et leurs inquiétudes, relever les choses positives, interpréter les situations compliquées.

Ainsi, il s’agit d’une responsabilité partagée, sur le terrain, pour garantir le succès des actions artistiques. L’artiste est responsable de la qualité de sa proposition artistique et de la communication avec le patient. L’association ou la structure médiatrice assure la bonne relation avec l’équipe et veille à l’adaptation de l’artiste aux contraintes de l’hôpital et aux besoins des patients. L’équipe hospitalière assure une bonne information auprès des patients et des familles, un suivi auprès de ceux-ci après l’action, l’accueil des artistes et le respect de leur travail.